ICO, quels risques pour les investisseurs ?

Depuis fin 2016 en France nous avons vu émerger une nouvelle forme de levée de fonds grâce à la blockchain pour les porteurs de projets, les fameuses ICOs ou Initial Coin Offering. Ces opérations permettent à une entreprise de vendre un cryptoactif que l’on appelle token contre une autre cryptomonnaies de l’Ether en général, du bitcoin et parfois contre des monnaies-fiats. Les investisseurs en tout genre se sont jetés dessus ces derniers mois sans forcément tout le temps bien maitriser les risques qu’ils prenaient.

Risque de perte de capital

Le premier risque est de perdre tout ou partie de son capital. À la différence d’un investissement traditionnel, il n’y a aucun engagement de la société dans laquelle vous investissez sur ce qu’elle fera des gains réalisés, ni aucune garantie d’une performance minimum et encore moins d’une capacité à récupérer votre argent si vous estimez vous être trompés. Suivant votre sensibilité aux risques, les ICOs et plus généralement le monde des cryptomonnaies ne sont sûrement pas faits pour vous.

Risque de non liquidité

Une fois que le token vous a été vendu, une étape est importante du côté de l’entreprise qui a réalisé l’ICO, elle doit faire lister le token sur des plateformes d’exchange afin de pouvoir mettre en relation vendeurs et acheteurs. Il s’agit du second marché sur lequel il est important de mettre en place tous les moyens qui permettront aux investisseurs de prendre leurs gains (ou leurs pertes). Ces plateformes demandent de grosses sommes aux startups, parfois plusieurs millions de dollars, afin de lister le token généré. Résultat, la plupart des ICOs une fois terminées finissent par ne pas investir dans cette étape importante et préfèrent se faire lister sur des exchanges de seconde zone sur lesquelles il n’y a que très peu d’activité.

Risque de SCAM

Un SCAM est une fraude. Eros.vision est une de celles qui est symptomatique de l’année dernière. À l’été 2017, deux individus inconnus du monde crypto ont proposé de développer le Open Bazaar du sexe ou le Uber de la prostitution grâce à la blockchain. L’idée était de développée une market place de la prostitution décentralisée. Sauf qu’il ne faut pas plus de 2 secondes pour se rendre compte que cela ne peut pas fonctionner. Pourtant au 5 août 2017, Eros.vision avait levé 19 millions de dollars avant de partir avec la caisse.

Conclusion

Les ICOs sont sûrement une nouvelle forme de levée de fonds qui est intéressante qui amène de nouvelles opportunités aux investisseurs mais elles recouvrent de nombreux risques qu’il est important de maitriser. Vous ne perdrez pas forcément de l’argent mais vous devez être attentifs et éclairés avant de tenter l’expérience. Quelques recommandations de bon sens sont nécessaires : n’investissez pas plus que ce que vous être prêts à perdre sans que cela vous fasse mal, ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier, renseignez-vous énormément en amont sur l’équipe et le projet.

 

Sébastien Bourguignon – MARGO

Décryptage by Patrice Got : Harrison et la Blockchain

Vous vous souvenez probablement de ce film dans lequel le héros cherche à protéger un dossier compromettant, et sa vie par la même occasion, en le confiant à un tiers de confiance avec l’instruction de diffuser les informations aux médias dans le cas où il lui arriverait malheur.

Vous avez ici les prémices de la Blockchain.

Mais le stratagème de notre héros, appelons le Harrison, n’est pas sans risque. Il ne sait pas s’il peut vraiment avoir confiance en son ami. Ce dernier pourrait falsifier les documents ou même les détruire. Comment alors prouver quoi que ce soit ?

Que pouvons-nous proposer à Harrison pour fiabiliser ce système ?

Il pourrait multiplier les tiers de confiance, cela s’est vu dans certains scénarios. Et pourquoi pas, compter sur un réseau de nombreuses personnes volontaires pour stocker ces informations. Cela les protègerait de la destruction et, pour modifier le contenu des documents, il faudrait en falsifier la majorité de ceux détenus par le réseau. De plus, si certains membres du réseau pouvaient valider par une clé le dépôt de ces informations, cela leur donnerait une force supplémentaire. Enfin, il serait bon d’automatiser la diffusion du dossier si des conditions précises se vérifiaient. S’il arrive quelque chose à Harrison par exemple.

Peut-être que le mystérieux Satoshi Nakamoto, créateur en 2009 du principe de la Blockchain et du Bitcoin, est amateur de thrillers américain…

Revenons à Harrison.

Il a un dossier que nous considèrerons comme un « actif ». Rappel : un actif est quelque chose que l’on possède. Cela peut être immobilier ou financier, tangible ou non… Son ami sert ici de « réseau » et les médias de co-contractants. Ils ne le savent peut-être pas encore mais le transfert de propriété de l’actif aura automatiquement lieu si une condition se réalise : quelque chose arrive à Harrison.

Quelle est donc l’analogie avec la Blockchain ?

La Blockchain est un système de stockage et de transfert d’actifs numériques qui sont des cryptomonnaies ou des tokens – jetons en français. Le problème avec un actif numérique est qu’il peut être facilement copié. Dans le cas de la Blockchain, l’actif dispose d’un numéro d’identification unique qui permet de lui donner une caractéristique importante qui le rapproche d’un article physique : l’unicité. Vous ne pouvez dépenser qu’une fois un billet de 20 €, celui numéroté UB5296843874. Dans le cas d’une cryptomonnaie ou d’un token, vous possédez une clé privée qui vous permet de disposer librement de cet actif. Vous pouvez le vendre, le donner, le détruire, le déplacer mais pas le dupliquer. Le réseau, et en particulier ceux que l’on appelle les « mineurs » (du « mining » anglais signifiant extraire/exploiter), valide les opérations passées par les utilisateurs. Dans cette opération de validation des transactions sont regroupées pour former des blocs qui seront assemblés à d’autres blocs. D’où le nom de Blockchain. Une fois cette validation réalisée, l’ensemble des utilisateurs du réseau se retrouve avec les mêmes informations stockées dans cette chaîne de blocs. Si vous essayez de vendre deux fois le même actif, votre deuxième transaction sera rejetée par le réseau, et si vous voulez falsifier la chaîne de blocs, il vous faudra réussir à la modifier mais aussi répéter cela chez la majorité des utilisateurs du réseau.

La monnaie échangée grâce à une Blockchain peut permettre de transférer plus rapidement les salaires de travailleurs transfrontaliers, de régler les problèmes liés à la corruption dans certains pays… Quant aux tokens, ils peuvent représenter des droits de propriété (sur une action, une obligation…) ou de vote. Ils peuvent aussi assurer la traçabilité d’un actif, représenter un statut particulier (on reçoit un token pour prouver son appartenance à un groupe)… La liste des applications est forcément non exhaustive et en constant enrichissement.

Mais quid de l’envoi automatique du dossier d’Harrison aux médias ? Il s’agit tout simplement d’un contrat autonome que l’on appelle un « smart contract ». Il est largement utilisé sur la Blockchain Ethereum et vise à se passer d’intervention humaine pour satisfaire aux obligations des contractants. Il est possible, par exemple, de souscrire une police d’assurance qui permet d’être indemnisé automatiquement en cas de retard d’un avion.

Bref, la Blockchain est une base de données qui est distribuée à tous ses utilisateurs, infalsifiable et issue d’un système décentralisé.

Patrice Got